Elle avait les mains blanches, blanches, Comme deux frêles branches D'un aubier de mai ; Elle avait les mains blanches, blanches Et c'est pour ça que je l'aimais. Elle travaillait aux vignes ; Mais les caresses malignes Du grand soleil Et l'affront des hâles Avaient respecté sa chair pâle Où trônait mon baiser vermeil. Et ses mains restaient blanches, blanches, Comme deux frêles branches D'un aubier de mai. Et ses mains restaient blanches, blanches Et toujours ! toujours ! je l'aimais Mais un monsieur de la ville Avec ses billets de mille Bien épinglés Vint trouver son père Aux fins des vendanges dernières Et s'arrangea pour me voler... Me voler la main blanche, blanche, Comme une frêle branche D'un aubier de mai, Me voler la main blanche, blanche La main de celle que j'aimais ! Au seul penser de la scène Où l'Autre, en sa patte pleine D'or et d'argent, Broierait les mains chères Au nez du maire et du vicaire, J'ai laissé ma raison aux champs, Lui ! toucher aux mains blanches, blanches, Comme deux frêles branches D'un aubier de mai, Lui ! toucher aux mains blanches, blanches, Aux mains de celle que j'aimais La veille du mariage, Chez le charron du village Je fus quérir Un fer de cognée, Et m'en servis à la nuitée, Quand ma belle fut à dormir. J'ai coupé ses mains blanches, blanches, Comme deux frêles branches D'un aubier de mai, J'ai coupé ses mains blanches, blanches... C'était pour ça que je l'aimais ! |
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POÈME DE GASTON COUTÉ MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |