Quand vous suiviez ma trace, J'allais avoir quinze ans, Puis la fleur, puis la grâce, Puis le feu du printemps. J'étais blonde et pliante Comme l'épi mouvant, Et surtout moins savante Que le plus jeune enfant. J'avais ma douce mère, Me guidant au chemin, Attentive et sévère Quand vous cherchiez ma main. C'est beau la jeune fille Qui laisse aller son cœur Dans son regard qui brille Et se lève au bonheur ! Vous me vouliez pour femme, Je le jurais tout bas. Vous mentiez à votre âme, Moi, je ne mentais pas. Si la fleur virginale D'un brûlant avenir, Si sa plus fraîche annale N'ont pu vous retenir, Pourquoi chercher ma trace Quand je n'ai plus quinze ans, Ni la fleur, ni la grâce, Ni le feu du printemps ? |
POÈME DE MARCELINE DESBORDES-VALMORE MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |