« Je vous défends, châtelaine, De courir seule au grand bois. » M'y voici, tout hors d'haleine, Et pour la seconde fois. J'aurais manqué de courage Dans ce long sentier perdu ; Mais que j'en aime l'ombrage ! Mon seigneur l'a défendu. « Je vous défends, belle mie. Ce rondeau vif et moqueur. » Je n'étais pas endormie Que je le savais par cœur. Depuis ce jour je le chante ; Pas un refrain n'est perdu : Dieu ! que ce rondeau m'enchante ! Mon seigneur l'a défendu. « Je vous défends sur mon page De jamais lever les yeux. » Et voilà que son image Me suit, m'obsède en tous lieux. Je l'entends qui, par mégarde, Au bois s'est aussi perdu : D'où vient que je le regarde ? Mon seigneur l'a défendu. Mon seigneur défend encore Au pauvre enfant de parler ; Et sa voix douce et sonore Ne dit plus rien sans trembler. Qu'il doit souffrir de se taire ! Pour causer quel temps perdu ! Mais, mon page, comment faire ? Mon seigneur l'a défendu. |
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POÈME DE MARCELINE DESBORDES-VALMORE MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |