J'étais une petit' chanteuse Sorti' tout fraîch'ment de pension ; Je n'étais pas encor noceuse Et n'en avais pas l'intention. J'voulais quand mêm' rester honnête, Avec mon art gagner mon pain ; Mais quand j'chantais mes chansonnettes Chaqu' soir l'public criait au r'frain : La jambe, la jambe, La jambe avec sa chanson ! Nous somm's venus pour ses nichons Et pour qu'ell' nous fass' voir ses jambes ! Ses jambes, ses jambes, Si nous ne voyons pas ses jambes Dans un retroussis frétillard Nous ferons du pétard ! Je n'leur chantais pas de ces choses Qui font pâmer d'ais' les fauteuils ; Je n'montrais pas de dessous roses En clignant gentiment de l'œil ; Car je n'pouvais pas devant l'monde M'résoudre à c'qu'on r'luqu' mes mollets Et j'rougissais lorsqu'à la ronde On me disait à chaqu' couplet : La jambe, la jambe, La jambe avec sa chanson ! Nous somm's venus pour ses nichons Et pour qu'ell' nous fass' voir ses jambes ! Ses jambes, ses jambes, Si nous ne voyons pas ses jambes Dans un retroussis frétillard Nous ferons du pétard ! Bien qu'la vertu soit mon idole C'est un' monnaie qui n'a plus cours Aussi, dès ce soir je m'enrôle Dans le bataillon de l'amour ; Tout comm' ces dames de la Butte Je veux sauter comme un cabri Seul'ment, messieurs, pour qu'je chahute Faudra que vous y mettiez l'prix. La jambe, la jambe, La jambe avec ma chanson ! Ressentez-vous le p'tit frisson À regarder ainsi mes jambes ! Mes jambes, mes jambes ! Si vous voulez mieux voir mes jambes Je vous attends, gros polissons, Demain à la maison. |
POÈME DE GASTON COUTÉ MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |