– Oh çà, les belles filles, Qu'on s'en vienne avec nous ! Laissez là vos aiguilles, Le printemps est doux. Avril chante et murmure ; Nous irons dans les bois Mêler sous la ramure La danse et les voix ! Narguant l'hiver morose, Notre cœur chante aussi ; Venez, lèvres de rose ! – Messieurs, grand merci ! Comme ont fait nos aïeules, Sans souci des amants Nous irons toutes seules Dans les bois charmants. Nous verrons la paresse Des étangs onduleux, Dont la brise caresse Les riants flots bleus. Et le ciel s'y reflète ! Nous allons, nous allons Cueillir la violette Dans les frais vallons. Nous danserons des rondes, En livrant au soleil Nos chevelures blondes Faites d'or vermeil, Ayant l'oubli superbe Dans nos cœurs ingénus, Et nous sentirons l'herbe Toucher nos pieds nus ! – Si l'Amour vous rencontre ? – Taisez-vous, taisez-vous ! Si ce chasseur nous montre Son regard jaloux, Nous lui dirons : Beau masque, Porte ailleurs les tourments Et le bonheur fantasque De tes faux serments ! Nous courons sous les chênes Librement, tout le jour, Sans ennuis et sans chaînes ; Laisse-nous, Amour ! Après nos folles courses, Dans le creux de nos mains Nous buvons l'eau des sources Au bord des chemins. Et ce sont là nos fêtes, Garde l'ombre et les pleurs ! De poser sur nos têtes Des chapeaux de fleurs. L'heure est charmante et folle ; Mille oiseaux des buissons À la brise qui vole Jettent leurs chansons. Le bois fait sa toilette ; Nous voilà, mais c'est pour Cueillir la violette ; Bon voyage, Amour ! L'air joyeux nous invite, Plein de purs diamants, Envolons-nous bien vite Dans les bois charmants ! |
POÈME DE THÉODORE DE BANVILLE MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |