Le gas était un tâcheron N'ayant que ses bras pour fortune ; La fille : celle du patron, Un gros fermier de la commune. Ils s'aimaient tous deux tant et plus. Écoutez ça, les bonnes gens Petits de cœur et gros d'argent ! L'Amour, ça se fout des écus ! Lorsqu'ils s'en revenaient du bal Par les minuits clairs d'assemblée, Au risque d'un procès-verbal, Ils faisaient de larges roulées Au plein des blés profonds et droits, Écoutez ça, les bonnes gens Qu'un bicorne rend grelottants ! L'Amour, ça se fout de la Loi ! Un jour, furent tous deux prier Elle : son père ! Et lui : son maître ! De les laisser se marier. Mais le vieux les envoya paître ; Lors, ils prirent la clé des champs. Écoutez ça, les bonnes gens Qui respectez les cheveux blancs ! L'Amour, ça se fout des parents ! S'en furent dans quelque cité, Loin des labours et des jachères ; Passèrent ensemble un été, Puis, tout d'un coup, ils se fâchèrent Et se quittèrent bêtement. Écoutez ça, les bonnes gens Mariés, cocus et contents ! L'Amour, ça se fout des amants ! |
POÈME DE GASTON COUTÉ MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |