Né dans quelque trou malsain D'Auvergne ou du Limousin, Il bêche d'abord la terre. Humble, sans désir, sans but ; C'est le modeste début Du propriétaire. Dès que les temps sont plus beaux Il achète des sabots À quarante sous la paire Et part, le cœur plein d'espoir. Il n'a pas l'air, à le voir, D'un propriétaire. D'abord pour gagner son pain Il vend des peaux de lapin. Quoique ce commerce altère, Il ne boit pas son argent Car il est intelligent, Le propriétaire. Si quelque minois moqueur Lorgnant sa bourse et son cœur Forçait la consigne altière !... Sans escompter le futur Il résiste et reste pur, Le propriétaire. Son magot d'abord petit Tout doucement s'arrondit Dans le calme et le mystère, Puis, d'accord avec la loi, Son or le fait presque roi, Le propriétaire. |
POÈME DE CHARLES CROS MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |