Pensif amant du clair de lune, Rôdant sans bruit, Le hibou va cherchant fortune Toute la nuit. Quand son vol sur les mares grises Fait son frou-frou, Les grenouilles sortent surprises Voir le hibou. Leur voix taquine l'importune Et le poursuit ; On les entend crier chacune, Quand il s'enfuit : « Avec le diable il fraternise, C'est un filou ! Va-t'en cacher ta couardise, Ô vieux hibou ! » D'un sapin faisant sa tribune, Son chant traduit Sa peine à la chouette brune Qui le séduit ; Mais la cruelle avec franchise Dit dans son trou ; – Que l'amour est sotte entreprise, Pour un hibou ! Et lui, sans fiel et sans rancune, Triste éconduit, S'en va cacher son infortune Dans son réduit ; Et là, pleurant tout à sa guise, Malade et fou, De désespoir il agonise, Pauvre hibou ! Las ! de notre mère commune Fatal produit, Sur toi, jamais, jamais aucune Aube ne luit ! Garde ta tendresse incomprise Sous le verrou, Et, pour celui qui te méprise, Reste hibou !...... |
![]() |
POÈME DE AMÉLIE GEX MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |