Ils sont les maîtres du pavé ; Il est leur domaine privé Et les faubourgs sont leurs royaumes Aux mômes. Il en est de toutes grandeurs. Ils sont tous plus ou moins frondeurs ; Ils négligent les axiômes, Les mômes. Les petits sont les momignards Avec la liquette aux fignards ; Ils ne dégagent pas d'arômes, Les mômes. Entre eux on n'est guère savant ; À l'école on va peu souvent, Ils n'ont pas gagné de diplômes, Les mômes. Pourtant, en prose ou bien en vers, Ils ont des langages divers ; Même ils inventent des idiômes, Les mômes. Pour sûr, ils ne sont pas capons ; Parfois, ils couchent sous les ponts. Ils ne craignent pas les fantômes, Les mômes. Ce sont eux qui font les titis, Qui rigolent aux paradis Des théâtres, des hyppodrômes, Les mômes. Ils sont malins, ils sont adroits ; Ils savent user de leurs doigts Et faire manœuvrer leurs paumes, Les mômes. Ils n'aiment pas les vieux pantins, Les tartufes, les puritains ; Ils ne chantent jamais de psaumes, Les mômes. Pour embêter les dirigeants Ainsi que messieurs les agents, Ils organisent des monômes, Les mômes. De nos cœurs et de nos esprits, Du cerveau de notre Paris, Ils sont les multiples atômes, Les mômes. Pour les chagrins et les douleurs, Pour calmer l'âpreté des pleurs, Ils sont encor les meilleurs baumes, Les mômes ! |
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POÈME DE EUGÈNE HÉROS MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |