Je suis, avec mon tic-tac grêle, Vade-mecum rond et têtu, Indispensable sentinelle, Le cœur sacré d'or revêtu. Voici le soir, Grince, musique Hypertrophique Des remontoirs. Partout, je veille dans vos poches, Je trône en vos appartements, Et fais valser éperdument Sur les cités folles les cloches ! Et puis, le soir, C'est la musique Hypertrophique Des remontoirs. Chacun aux foules que je mène Sent battre mon cœur sur son sein Chaque maison m'a par dizaines, Et je remplis des magasins. Partout, le soir, C'est la musique Hypertrophique Des remontoirs. Maisons, horlogers, clochers, foules, Milliards d'échos à mon appel, Scandé d'un tic-tac éternel L'orchestre fou des choses roule. Et chaque soir, C'est la musique Hypertrophique Des remontoirs ! Allez, coucous, réveils, pendules, Bataillons d'insectes d'acier, Jouez sans fin des mandibules Dans un concert très familier. Sûrs, chaque soir, De la musique Hypertrophique Des remontoirs ! Triturant bien l'heure en secondes Par trois mil six cents coups de dents, De leurs parts au gâteau du temps Ne faites qu'un hachis immonde Et puis le soir, Hop ! la musique Hypertrophique Des remontoirs. Ah ! plus d'heures ! N'avoir pas d'âge ! Voir les saisons, les jours, les nuits Flotter dans le halo sauvage D'un vague éternel aujourd'hui ! Voici le soir ! Grince, musique Hypertrophique Des remontoirs ! |
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POÈME DE JULES LAFORGUE / MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |